dimanche 7 octobre 2012

LE MAROC VEUT AMÉLIORER L’EMPLOYABILITÉ DES JEUNES

«200 millions de chômeurs à travers le monde. Le chômage est un phénomène qui ne touche pas seulement les pays en voix de développement, mais également les Etats développés». La déclaration de Abdelouahed Souhail lors de la conférence interrégionale qui s’est tenue, les 1er et 2 octobre, à Fès, n'a laissé personne indifférent. Le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, qui, il faut le dire, n’a pas encore trouvé la recette magique pour résorber le chômage, dit que «l’emploi est l’affaire de tous». Selon lui, «l'instauration du futur observatoire de l'emploi donnera une véritable vision sur les territoires des secteurs porteurs.

. En attendant, il faut adapter la formation aux besoins du marché du travail, créer de nouvelles filières comme l’aéronautique, et encourager l’investissement». «Ces démarches ne relèvent pas toutes du seul département de l’Emploi», reconnaît le ministre de tutelle. Même son de cloche auprès de Hafid Kamal, directeur général de l'Anapec, pour qui l’employabilité des jeunes peut être boostée via de nouvelles niches comme le travail social environnemental ou encore les activités génératrices de revenus. Les responsables étatiques s’accordent tous à dire que l’emploi ne peut être assuré sans le génie de la créativité des compétences. Aussi, l’implication du secteur privé est de mise. Fini donc l’époque de l’assistanat quand le jeune se case dans une commune pour ne rien faire et toucher, à la fin de chaque mois, un salaire non mérité. Sachant que le chômage touche entre 9 et 11% des jeunes Marocains. Le mérite, l’utilité et la valeur ajoutée que peut apporter chaque poste d’emploi créé dans le public comme dans le privé constituent aujourd’hui les critères de choix dans toute opération d’embauche au Maroc comme ailleurs, expliquent les participants au forum de Fès. Pour eux, «il ne faut pas non plus que les chercheurs d’emploi soient laissés pour compte. Mais il faut les encadrer, voire même les orienter vers les secteurs porteurs durant leur cursus». A ce titre, les acteurs locaux sont appelés aussi à réfléchir sur les rôles à jouer dans la promotion de l'emploi, les différentes mesures locales d'emploi, le financement de ces mesures et les structures locales de gouvernance et de gestion du dispositif local pour l'emploi. Et ce sont là les objectifs de l’atelier interrégional de Fès. Initié sous le thème de la «Gouvernance et la territorialisation de la promotion de l'emploi», l’événement est organisé conjointement par l'Agence nationale pour la promotion de l'emploi et des compétences (Anapec) et l'Association mondiale des services d'emploi publics (Amsep). Association qui regroupe six organisations internationales de l’emploi. En effet, quelque 200 experts d’une trentaine de pays affiliés à ces organisations y ont pris part. Pour Lenka Kint, secrétaire exécutif de l’Amsep, comme pour Mohamed Charafeddine, vice-président de cette ONG, «l’échange des expériences réussies était l’un des principaux objectifs de la rencontre de Fès». En fait, l'expérience a démontré que la performance des Services publics de l'emploi (SPE) est tributaire de l'efficacité de l'action entreprise par les agences locales. Ces SPE ne peuvent également jouer pleinement leur rôle sans une grande capacité d'intégration dans leur environnement socioéconomique et sans interaction avec les acteurs locaux. A cet effet, l'Anapec a fait de la consolidation des partenariats locaux et de l'accompagnement des chantiers locaux et régionaux un axe majeur de son programme d'action. «A travers ces rencontres, nos membres débattent entre eux et exportent leur savoir-faire en matière d’insertion. On a bien vu d’ailleurs que la France, à titre d’exemple, a soutenu le Maroc pour améliorer l’employabilité des jeunes, qui pour sa part a su inculquer son expérience aux pays subsahariens dans le même objectif», explique Kint. Ceci étant, les chiffres du chômage en Afrique sont très alarmants. En Algérie, par exemple, le taux chômage chez les jeunes âgés entre 16-24 ans a atteint 22,4%. Celui des diplômés de l’enseignement supérieur est passé de 21,4% en 2010 à 16,1%. En milieu urbain, il est estimé à 10,6% alors qu’en milieu rural il est estimé à 8,7%. Si l’on prend toute l’Afrique, entre 2000 et 2008, malgré des taux élevés de croissance économique (maintenue à 7%) et considérés parmi les plus performants au plan mondial, et en dépit d’une jeunesse mieux formée, le continent n’a créé que 16 millions d’emplois pour ses jeunes de 15 à 24 ans. Aujourd’hui, les jeunes représentent 60% des chômeurs du continent, soit 40 millions d’individus sont à la recherche d’un emploi, des femmes pour la plupart qui ont définitivement baissé les bras. Cette situation paraît d’autant plus inacceptable que l’Afrique dispose d’un potentiel impressionnant de jeunesse de talent et de créativité. Ce serait peut être l’un des thèmes qui seront en débat lors du prochain séminaire de l’Amsep qui se tiendra dans quelques mois en Tunisie.